Les mots fantômes

Qu’est ce que les mots fantômes ?

Il se peut que vous en ayez déjà fait l’expérience: lorsqu’une phrase, n’ayant pas forcément de sens, est répétée de manière incessante (un mot en deux syllabes est plus efficace), au bout d’un moment, vous percevez un nouveau mot ou une nouvelle phrase: c’est un mot fantôme. Celui-ci est donc un mot qui n’avait pas forcément de signification à la base mais auquel le cerveau a donné un sens.

Expérience:

Chaque bande de son contient soit deux mots ou un seul mot composé de deux syllabes. Ils sont répétés encore et encore. Les sons doivent être entendus à travers un casque ou des enceintes stéréos placées devant la personne, une à gauche et l’autre à droite. Les mots viennent donc de différents endroits et arrivent simultanément dans les oreilles (un son à gauche, un son à droite). Après un moment à l’exposition de ces mots, l’auditeur commence à “entendre” de véritables mots ou phrases qui existent.

Si vous voulez tester, cela est possible. Prenez un stylo et un papier et écoutez la bande de sons. Vous pouvez écrire les mots et les phrases au fur et à mesure que vous les entendez. Ceux ci vont changer au fur et à mesure des répétitions pour devenir de “véritables ” mots et phrases. Le fait de changer d’environnement, de bouger (s’éloigner, se rapprocher) ainsi que de changer de support audio peut avoir une influence sur ce que vous entendez. En effet l’intensité du son peut varier, la trajectoire du son change lorsque nous tournons la tête, la perception sera différente.

Comment un tel phénomène est-il possible?

Le cerveau cherche constamment à trouver une signification, un sens aux mots qu’il perçoit, même quand ceux ci n’en ont pas à la base. C’est le même phénomène que lorsque nous regardons les nuages et que nous sommes capable d’y voir des figures et des formes. Ainsi, en présence de sons ambigus, le cerveau peut interpréter des mots ou des phrases qui n’existent pas. Il essaie d’extraire un sens au chaos de sons qui se présente en recombinant les syllabes et en rapprochant celles ci à des mots qu’il connaît et qui s’en approchent.

L’aire de Wernicke intervient dans la perception de ces mots. Située dans la partie postérieure du lobe temporal du cerveau gauche, elle est impliquée dans la compréhension orale du langage. Le son d’un mot est d’abord traité dans le cortex frontal puis l’information est transmise dans l’aire de Wernicke. Elle associe la structure du signal sonore avec la représentation d’un mot conservé en mémoire. C’est ainsi que l’aire de Wernicke permet de faire resurgir un sens d’un mot particulier. Dans ce cas précis, elle va “créer ” les mots fantômes, désireuse de trouver un sens aux mots entendus.

Les mots entendus sont aussi révélateurs du langage de la personne et de son inconscient; les personnes vont souvent entendre des mots qui ont un rapport avec ce qu’ils ont dans leur tête (par exemple une personne au régime entendra des mots en rapport avec la nourriture). De plus, l’auditeur entendra, la plupart du temps, des mots dans sa langue maternelle alors que l’extrait d’origine est similaire à l’anglais.

Ainsi cette illusion résulte d’une mauvaise interprétation du cerveau qui perçoit les mots en fonction de sa mémoire.